• La bataille d'Athvughardane.

    La bataille d'Athvoughardane

    Extrait d'un témoignage de Salah Azrourou.

                Vers la fin de l’automne de la même année ( 1960 ndlr ), la tenue d’une réunion zonale qui était prévue dans notre secteur c’était soldée par un désastre. Les responsables avaient choisi de la tenir dans une maison abritant la famille d’un chahid au village d’Ath Voughardhan (Ath Si Youssef), située au cœur de Tiniri, une vallée  recouverte  d’oliviers au pied du Djurdjura au sud, s’étendant jusqu’au village de Mechtras au nord et la ville de Boghni à l’ouest. Durant deux jours, les responsables de différentes régions arrivaient successivement dans cette localité. Toute la famille hôte était mobilisée, qui pour surveiller les mouvements des harkis habitant ce même village, qui pour assurer la restauration avec la discrétion la plus absolue.

               Au vue de l’importance de cette réunion,  son organisation se déroulait dans la discrétion la plus absolue. Même si j’exerçais les fonctions de responsable de L/R du secteur, donc concerné par les préparatifs de la rencontre, je n’avais pas été associé au choix du lieu de la réunion ni été informé de sa tenue. Cependant, on peu conclure que cet endroit disposait de toutes les conditions de sécurités requises pour la tenue de cette importante réunion, à savoir :

                a) la maison abritait une famille de chahid

                b) elle est située au cœur d’une vaste foret d’oliviers

                c) elle se trouve proximité du mont du Djurdjura

                d) son implantation en milieu de harkis éloignait tous soupçons de l’ennemi

               Toutes ses précautions étaient de nature  à faire face à tout imprévu : pouvoir résister à l’ennemi en cas de confrontation, faciliter le repli des moudjahidin vers les monts du Djurdjura, tout proche. Aussi,  l’absence de patrouilles ennemies dans cette localité habitée par des harkis,  s’avérait être un autre facteur de sécurité.

               Au terme du troisième jour, tous les participants devraient être présents. Hélas ! Ils furent découverts par les harkis du village qui les avaient immédiatement encerclés et un accrochage s’en était suivi. Devant la résistance de nos moudjahidin, les harkis avaient appelé aux renforts qui ne tardèrent pas à arriver.

                Pendant ce temps, j’étais avec si Dahman Saidj, responsable de la ville de Boghni, campés dans la zaouïa de cheikh Ahmed Bouderbala, en ruine et  située sur le versant nord du village d’Ait Imghour. A la tombée de la nuit, nous marchions vers Tirmitine, petit faubourg  de la ville de Boghni, où nous devrions rencontrés si Moh Saïd Ouchivan, commissaire politique du secteur. Dés notre rencontre, nous nous séparâmes de si Dahman, pour prendre la route cette fois, vers ce même refuge où devait se tenir la réunion, endroit qui n’était pas loin de nous.

                En cours de route, nous entendîmes des coups assourdissants de canons et de rafales de mitrailleuses. Mon compagnon originaire d’Ath Voughardhan, village qu’il connaissait fort bien, affirmait que le grondement des canons provenait de la maison vers laquelle nous nous dirigions. Nous nous décidâmes alors, de nous replier vers la foret de Boumahni toute proche, sous une pluie battante. Nous suivions de loin cet accrochage dont les échos de coups de canons et les crépitements de balles de mitrailleuses 12/7 parvenaient jusqu’à nos oreilles. La volonté de venir au secours de nos frères ne nous manquait pas. Cependant, vu que nos moyens de combats étaient dérisoires (nous ne disposions que de PA), nous étions incapables de leurs apporter notre aide. Résignés, nous suivions de loin le déroulement de l’accrochage, nos cœurs serrés et pris par une profonde angoisse.

               C’était une grande bataille. En effet, les moudjahidin avaient opposés une résistance farouche avec des armes automatiques. Les soldats ennemis étaient alors persuadés de l’importance  du groupe qu’ils avaient en face d’eux. En conséquence, avec l’arrivée d’autres renforts, d’importants moyens militaires furent  engagés. Un plan d’attaque fut déployé tout au tour de la maison consistant en la mise  en place d’une ceinture de barbelé pour clôturer la maison, suivi par un autre cordon de chars et la boucle fut terminée par une batterie de canon 120 m/m. Ce dispositif étant mis en place, l’asseau final fut alors donné. Des combats acharnés se déroulèrent durant au moins, 24 heures. Les rares rescapés n’ont pu sortir de cet enfer qu’en se jetant dans la rivière en crue, à la suite de fortes chutes de pluies qui ne cessaient de s’abattre durant presque une semaine. Il est fort probable que certains d’entre eux étaient emportés par cette rivière.

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